Pendant les premiers confinements, Luciano Rosso poste sur les réseaux sociaux des vidéos de lipsync, discipline visant à faire semblant de chanter en harmonisant les mouvements de son visage et de ses lèvres aux paroles.
Cet exercice prend une toute autre ampleur pour le délirant interprète d’Un Poyo rojo, spectacle explosif et baroque au succès monstre ! Il avait subjugué un large public lors d’un vrai combat de coqs où deux boxeurs se défiaient au cours d’une bastonnade aussi grotesque que sensuelle.
Apocalipsync déborde de l’énergie de diable sorti de la boîte de Luciano Rosso. Il convoque des talents pluriels et s’adonne sans limites à un théâtre physique, puisant dans l’art du mime, du cirque et de la danse. Chaque pastille est hallucinante et rend ce spectacle inclassable.
Sa performance impressionne par sa technicité, sa précision et l’élasticité étonnante qu’il apporte à chaque muscle, chaque mouvement. L’acteur couteau-suisse exécute une partition corporelle impeccable, jusqu’au plus subtil haussement de sourcil.
Le moindre détail d’une bande son devient mimique, acrobatie. Des voix de stars hollywoodiennes recevant leurs prix, des divas de la pop aux délicieux tocs, quelques titres populaires et tous leurs instruments… Plus bluffant encore, Luciano Rosso donne à une recette d’omelette un sel nouveau, ou incarne parfaitement un sachet se gonflant et se dégonflant.
Préparez-vous pour un moment aussi étonnant que savoureux : les numéros qui composent ce spectacle sont des miroirs déformants de notre époque légèrement narcissique, qu’il singe avec finesse.
